Dans un monde du travail en perpétuelle mutation où la quête de talents s’intensifie, Jean-Eudes Yahouedeou, CEO de Seeqle, se démarque en mettant l'intelligence artificielle au service du recrutement. Lors d'une récente interview pour BFM TV, il revient sur le pivot stratégique de son entreprise, l'importance des soft skills et la manière dont l'IA peut transformer les pratiques RH.
Une approche centrée sur les données et l’IA
Jean-Eudes, vous êtes à la tête de Seeqle, une entreprise créée en 2015. Mais en 2019, vous avez opéré un pivot important. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Jean-Eudes Yahouedeou :
« Oui, tout à fait. Nous avons commencé en 2015 en mettant en avant les compétences des candidats, notamment leurs soft skills, pour les valoriser sur le marché du travail. En 2019, nous avons complètement transformé notre modèle. Aujourd’hui, nous aidons les entreprises à analyser les données pour cibler les talents pertinents. Grâce à l’IA, nous sourçons automatiquement les candidats, en prenant en compte à la fois leurs compétences techniques et leur personnalité.
Ce pivot a été marqué par des partenariats clés, notamment avec France Travail (anciennement Pôle emploi) et Meta. Ces collaborations nous permettent d’agréger des données RH et web, pour créer des correspondances précises entre les offres d’emploi et les talents disponibles. »
Recrutement, IA et soft skills : l’humain au cœur des enjeux
Le recrutement a beaucoup évolué. On parle de télétravail, de qualité de vie au travail (QVT), de bien-être… Quels sont, selon vous, les nouveaux critères qui fidélisent les talents aujourd’hui ?
Jean-Eudes Yahouedeou :
« Les entreprises, notamment les PME, font face à un réel défi de visibilité et d’attractivité. Quand une offre d’emploi est diffusée, seulement 10 % des candidatures sont réellement pertinentes. C’est là qu’intervient Seeqle. Nous transformons les offres en publicités ciblées qui mettent en avant les atouts des entreprises : possibilités d’évolution, flexibilité, télétravail, etc.
Les soft skills jouent aussi un rôle crucial. Ce n’est pas toujours le candidat au CV parfait qui reste fidèle, mais celui qui partage les valeurs et la vision de l’entreprise. Avec l’IA, nous aidons les recruteurs à détecter ces alignements culturels et à automatiser les tâches fastidieuses, comme le tri des CV, pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel : l’humain. »
Les PME face aux grands groupes : jouer sur ses forces
Les PME ont-elles une chance face aux grands groupes qui disposent de budgets colossaux pour attirer les talents ?
Jean-Eudes Yahouedeou :
« Absolument. Les grands groupes peuvent offrir des avantages matériels ou financiers, mais les PME ont des atouts uniques : la proximité, la flexibilité, et un cadre de travail souvent plus humain.
Avec Seeqle, nous aidons ces entreprises à valoriser leurs forces dans leurs campagnes de recrutement. Par exemple, une PME en région peut attirer des talents en mettant en avant une meilleure qualité de vie ou des opportunités d’évolution plus rapides qu’un grand groupe. Ce sont ces éléments qui font réellement la différence. »
L’avenir du recrutement : IA et personnalisation
Avec l’émergence de l’IA, le rôle des recruteurs va-t-il changer ?
Jean-Eudes Yahouedeou :
« Oui, et cela commence déjà. L’IA permet de personnaliser les algorithmes de sourcing en fonction des données spécifiques des entreprises : leur culture, leurs opportunités, et leurs valeurs. Cela améliore considérablement la qualité des recrutements.
Mais l’IA ne remplacera pas l’humain : elle le complète. Le recruteur peut se concentrer sur les entretiens, les soft skills, et l’aspect humain, sans être accaparé par des tâches répétitives. C’est un équilibre entre technologie et intuition. »